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Dans beaucoup de régions il était de tradition, pour les garçons célibataires, d'accrocher aux portes des filles à marier un branchage, dont la signification pouvait être agréable ou non pour celle qui le trouvait devant chez elle ! Mme. Gilberte Munoz nous donne la signification de ce langage des fleurs, ou plutôt des branches :
- aubépine : " je t'estime ".
- sycomore : " je t'aime jusqu'à la mort ".
- " sihue " (le sureau) : tu pues !!
- lilas : " je te laisse là ".
- sapin : " tu es une… " (trouvez la rime : fille de mauvaise vie !).
Les « Mai »
" La branche devait rester accrochée jusqu'à la fin du mois de mai, mais il est à parier que certaines l'enlevaient tout de suite après l'avoir trouvée… A la fin du mois, les garçons se faisaient offrir quelque chose à boire dans la maison où ils avaient accroché la branche ".
L'une des fêtes qui rassemblait petits et grands, comme elle le fait encore aujourd'hui, c'était Noël ! La neige et le froid faisaient leur apparition quelques jours avant le 25 décembre. C'était l'occasion de faire des parties de boules de neige au milieu des rues du village, les voitures n'étant pas nombreuses à cette époque. La mare gelée permettait de faire des glissades : pas besoin de patinoire artificielle !
Les enfants attendaient le père Noël avec impatience, d'autant plus qu'ils ne recevaient de cadeaux qu'à ce moment-là. Durant la guerre, peut-être en 1942, Mademoiselle Michaëla de Clermont-Tonnerre offrit aux enfants des écoles une orange et des dattes, ainsi qu'un petit livre. Juste après la guerre de 1945, les anciens prisonniers organisèrent durant plusieurs années un arbre de Noël pour les enfants du village : un jouet leur était offert, et un spectacle de danse était préparé par les élèves de l'école, dans la salle des fêtes du village, qui se trouvait à l'entrée du camping. Quelques années plus tard, ce fut la troupe de "chés cabotans d'Amiens " qui fit rêver les enfants. L'arbre de Noël fut supprimé, parce que la préparation du spectacle perturbait le travail scolaire et qu'il fallait répéter dans la salle des fêtes non chauffée. A cette époque, l'hiver était rude !
Le soir du 24 décembre, beaucoup de bertanglois se rendaient à la messe de minuit, en l'église de Villers-Bocage. Certains y allaient à pied et en groupe pour se donner du courage ! Une seule fois, sans doute en 1950, la messe eut lieu à Bertangles. La messe était dite en latin et cela dura jusqu'en 1963 environ. Au retour, les enfants recevaient des friandises : bâtons de sucre d'orge, " cabotins " ou nonnettes en pain d'épice, et parfois une orange. Le jour de Noël, c'était la fête de famille, avec un repas beaucoup plus simple que de nos jours : langue de bœuf ou poule au pot, lapin ou poulet élevés au village, et bûche de Noël au chocolat, faite maison.
Le jour de l'An, les enfants passaient dans le village, pour collecter les étrennes : ils recevaient quelques pièces ou des bonbons. Tous les habitants se souhaitaient " bonne année " durant tout le mois de janvier. On allait " faire des portes ", c'est-à-dire offrir ses vœux à la famille et aux amis. Ceux-ci rendaient la pareille, en se rendant avant le dernier jour de janvier, chez ceux qui étaient venus leur présenter les vœux.
Les fêtes d’école
Mme. Martine Lenglet, qui fut institutrice à Bertangles à partir de 1947, se souvient des fêtes d'école proposées par les enseignantes :
" Les enfants présentaient des danses folkloriques dans la salle des fêtes du village, prêtée par Monsieur de Clermont-Tonnerre. Parfois c'étaient de petites saynètes, des chants, des poèmes. Les costumes étaient fabriqués par les parents et par tous ceux qui voulaient mettre " la main à la pâte ". Le matin de la représentation, des gens du village apportaient leurs chaises, leurs bancs pour asseoir le public l'après-midi lors du spectacle.
Juste après la guerre de 39/45, les danses avaient lieu au moment de Noël, mais à partir de 1950, elles furent présentées en juin, après le certificat d'études. C'est aussi le moment où avait lieu la distribution des prix. Les élèves recevaient un dictionnaire s'ils avaient réussi le certificat d'études, mais toutes les filles se voyaient offrir un livre de cuisine. Le maire et les conseillers municipaux montaient sur scène, après le spectacle, pour remettre un prix à chaque élève. Plus tard, tous les enfants reçurent un livre au moment de la distribution des prix ".
A partir du Jeudi saint précédant la fête de Pâques, les enfants de chœur passaient dans le village trois fois par jour. Jean-Marc Dheilly nous raconte cette tradition :
" Le matin, avant d'aller en classe, on agitait des crécelles et on chantait "c'est l'angélus qui sonne ! "Le midi, on passait de nouveau en chantant " c'est midi qui sonne ! "Et le soir, après la classe, on chantait de nouveau " c'est l'angélus qui sonne " en agitant nos crécelles. Cela durait jusqu'à la veille de Pâques. Le samedi saint, dans l'après-midi, les enfants de chœur repartaient dans le village avec leurs crécelles, en chantant cette fois : " Alléluia, du fond du cœur, n'oubliez pas les p'tits enfants d'chœur. Un jour viendra, Dieu vous le rendra ! " Les gens donnaient des œufs, des bonbons, parfois quelques pièces pour récompenser les enfants".
Les « Pâques »
Thérèse Dheilly nous fait partager les souvenirs qu'elle a de cette fête des enfants, qui précédait le mercredi des cendres, jour de l'entrée en Carême :
" nous passions de maison en maison, pour faire voir nos déguisements, et récolter quelques pièces ou bonbons. A la maison, les mères faisaient des crêpes en tenant dans une main une pièce de monnaie, durant tout le temps de la fabrication : selon la tradition, cela permettait d'avoir de l'argent toute l'année. La pièce était conservée d'année en année, ou remise dans le porte-monnaie !"
Les « Mardi Gras »
Les « 14 juillet »
La fête du 14 juillet commençait en réalité le 13 juillet par un bal populaire, face au monument aux morts. On y dansait jusque tard dans la nuit, éclairés par les ampoules tricolores accrochées dans les arbres de la place.
Le matin du 14 juillet, les élèves de l'école se rendaient au monument aux morts avec leurs institutrices, en portant un bouquet. Là, tout le monde chantait " la Marseillaise ", puis les enfants recevaient une brioche et des friandises (aux cérémonies du 8 mai et du 11 novembre, les enfants se rendaient également au monument, puis au cimetière. Ils y chantaient " le chant des partisans ".)
L'après-midi du 14 juillet était consacré à des jeux sur la place, où petits et grands s'amusaient ensemble.
Mmes.Annie Chevallier et Miralda Delrue se souviennent des jeux de leur enfance : " Cette fête était très importante, car c'était le début des vacances scolaires. Tous les habitants du village venaient jouer sur la place. Il y avait des courses au trésor, des courses à sac, des courses à l'œuf, le jeu des ciseaux avec des surprises emballées. On se déguisait avec des vêtements tirés d'une malle, on grimpait le long d'un mât de cocagne savonné et noirci. Certains ont même traversé la mare sur une corde ou un câble tendu, et cela s'est terminé par un plongeon rafraîchissant ! "
Mme. Jeanine Crosato nous raconte une anecdote surprenante :
" Alain Bombard a traversé la mare de Bertangles sur un radeau, dans les années 50. C'était un évènement !!! "
Il faisait très chaud au moment du 14 juillet. Pour les enfants, c'était le début des grandes vacances, et pour tous commençaient les gros travaux dans les champs…
Les « Noël »
Monument aux morts en 1968
Les « Fêtes du village »
Madame Rachel Viarteix, native de Bertangles, a gardé beaucoup de souvenirs des fêtes du village. Elle nous les fait partager :
" La fête a lieu le premier week-end d'octobre depuis fort longtemps. Les parents des forains actuels venaient en roulotte animer la place du village, pour la plus grande joie des petits ! A l'époque, c'était un cheval qui actionnait un engrenage, pour faire monter et descendre de superbes chevaux de bois. Les petits pouvaient aussi choisir de grimper sur des cochons roses bien dodus. Sur la place on trouvait également une loterie, un tir à la carabine, un pousse-pousse (c'était une balançoire à nacelles, qui montait très haut et faisait un tour complet : c'était un jeu assez dangereux et il fallait être attaché !) Un vendeur de bonbons, de bâtons de réglisse, de canne à sucre, venait de Flesselles avec ses paniers : il était connu sous le nom de " t'chiot Pierre ".
Le jour de la fête, tous les cafés du village étaient bondés, car les bertanglois invitaient les membres de leur famille et des amis à prendre l'apéritif. Le repas de fête comprenait souvent une terrine de lapin en gelée, une volaille élevée " chez soi ", et des tartes " a libouli " avec des pruneaux. Le dimanche soir, on se retrouvait pour danser à la salle des fêtes, au son d'un orchestre. Ce bal de la fête a dû exister jusqu'en 1965, d'après mes souvenirs."
Le lundi, la fête continuait : les enfants n'avaient pas classe, personne ne travaillait ce jour-là et il y avait une messe pour les défunts des familles. Durant deux ou trois ans, des courses de vélos furent organisées ce jour-là. Le dimanche suivant, c'était le " rebond " : le manège était encore là, le village vivait de nouveau dans un air de fête !
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