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Monsieur Stanislas de CLERMONT-TONNERRE qui occupe toujours le château de ses ancêtres,
le fait visiter pendant les mois d'été aux horaires indiqués sur le site :
Pendant plusieurs siècles BERTANGLES se trouva sur les routes des invasions et plusieurs châteaux furent successivement incendiés et détruits par les Anglais lors de la guerre de 100 ans puis par les Espagnols lors du siége d'Amiens par Henri IV en 1597. (15.000 soldats espagnols séjournés autour de Villers-Bocage) et enfin après les saccages et incendies par les cavaliers de Jean de WIRTH en 1636 lors de la prise de CORBIE pendant la guerre de 30 ans.
Du manoir qui fut construit au début du 17éme Siècle à l'emplacement de la ferme actuelle, il ne reste qu'une belle porte d'entrée monumentale sur laquelle est inscrite prés du blason seigneurial la date de 1625.
La construction de ce nouveau château s'étendit sur 4 ans de 1730 à 1734 et les travaux furent dirigés par Antoine VERNO ingénieur architecte, mais la perfection architecturale de l'ensemble révèle la conception d'un très grand architecte non encore identifié avec certitude. Des archives privées conservées dans une des oeuvres majeures de Jules-Hardouin MANSART exécutée à la même époque feraient allusion aux travaux réalisés par BOFFRAND à BERTANGLES, celui-ci a été, à ces débuts, le meilleur élève de J-H Mansart, il est fort probable que le château de la Famille de CLERMONT-TONNERRE soit l'oeuvre de cet architecte. L'ensemble de bâtiments et des jardins est un modèle d'harmonie et d'équilibre, la masse imposante du corps principal construite dans la même pierre que NOTRE-DAME d'AMIENS présente deux étages sur rez-de-chaussée et de hauts combles flanqués de deux ailes saillantes, ornées de balcons en fer forgé et surmontés d'un fronton triangulaire. Deux pavillons latéraux prolongent le corps central, ils se composent d'un rez-de-chaussée surmonté d'un étage mansardé. Les sculptures qui décorent les deux façades longues de 100 mètres sont consacrées à un thème unique : LA PAIX.
L'intérieur du château qui a malheureusement subi de grosses détériorations lors d'un incendie en 1930, n'a conservé que deux pièces en état d'origine (un salon et une salle à manger) décorées de boiseries en chêne de Hongrie sculptées par Charles CRESSENT avec des motifs très fins au-dessus de la bibliothèque et de la cheminée du salon. Au-dessus des portes des toiles peintes représentent des scènes galantes. A gauche de la cheminée, le Grand DAUPHIN et à droite LOUIS XIV. Ce salon possède sur son sol un très beau parquet Versailles.
Dans la salle à manger, nous retrouvons les belles boiseries sculptées. Sur le mur du fond, une tapisserie d'AUBUSSON représente le triomphe d'ALEXANDRE le GRAND à son entrée à Babylone.
En face entre les deux fenêtres le portrait d' Emmanuel de ROHAN, dernier des Grands Maîtres de l'Ordre de MALTE à Malte. Les autres salles du rez-de-chaussée ont perdu leur décoration ancienne et sont maintenant destinées à des expositions et des cérémonies familiales ou officielles.
Il faut aussi admirer le magnifique escalier d'honneur en pierres taillées, chef d'œuvre de cet art stéréotomique, doté d'une superbe rampe en fer forgé. Celui-ci ne monte que jusqu'au 1er étage mais la cage de l'escalier se prolonge jusqu'au grenier.
La magnifique grille d'honneur qui ferme l'entrée principale du château n'est pas contemporaine à la construction des bâtiments, elles a été acquise en 1847 et provenait du château d'Heilly où elle avait été réalisé dans les années 1770. Elle est l'oeuvre de Jean-Baptiste VEYREN dit " le VIVARAIS " serrurier à Corbie auteur aussi des grilles du coeur de la Cathédrale NOTRE-DAME d'AMIENS, et de St PIERRE de Corbie.
Le thème de cette grille est la Chasse dont elle représente les armes, les accessoires, les gibiers et les chiens. On peut y voir : l'épieu, le fusil, l'arc, les flèches et la cartouchière, le bon chien qui rapporte, le perdreau, l'épagneul tenant la cartouchière, le chien de meute qui force le sanglier et le cerf, le canard, la perdrix et le lièvre.
Au centre on remarque le blason de la famille Clermont-Tonnerre : " deux clefs d'argent passées en sautoir. " Deux pots à feu de pierre sculptés surmontent les deux pilastres se trouvant de chaque coté de la grille.
Le18éme Siècle est enfin une période de paix pour la région qui a cessé d'être une zone frontière après le traité des Pyrénées en 1659 et l'annexion de l'Artois au royaume de France. Pour la première fois depuis plus de mille ans il n'y aura plus sur son sol ni invasions ni occupations par des armées étrangères. C'est donc à cette époque que Louis - Joseph de CLERMONT-TONNERRE marié depuis 1717 à Françoise - Charlotte de LANNION se trouvant à l'étroit dans son petit manoir, décide la construction du beau château Régence que nous avons le bonheur de voir aujourd'hui intact et majestueux .
L’intérieur du Château
Dans la cour de la ferme qui jouxte le château, on trouve un très important pigeonnier, le plus grand de Picardie. Isolé de tout bâtiment, il trône au milieu de la cour, c'est une construction à 8 pans qui a été récemment restaurée avec soins . Ce pigeonnier contient 1900 nids ou boulins. En face, le puits flanqué d'un étonnant tourniquet à eau inspiré de la noria espagnole est unique dans le Nord de la France, il permettait de remonter l'eau située à plus de 70 mètres de profondeur. Ce puits et son tourniquet ont été également restaurés en même temps que le pigeonnier.
Daniel Bailly (1929-2022)