Site de la Commune de Bertangles by jmb vs webplus7 ! Partenaires | Conditions d’utilisation
C’est grâce aux découvertes de l’Abbé Bouvier qui exerça son ministère de 1905 à 1911, que l’on peut connaître l’emplacement exact d’un village préhistorique sur le territoire de la commune de Bertangles
Bibliographie- Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie.1909.
Les civilisations campigniennes en Europe occidentale de Nougier
Daniel Bailly (1929-2022)
Les villages de cette époque sont installés sur des points culminants pour assurer leur sécurité, ce qui est bien de cas de notre site qui se trouve à 131 mètres d’altitude dominant la vallée de la Somme au Sud d’une part et de l’autre au Nord et à l’Ouest celle d’une petite rivière aujourd’hui disparue mais dont on voit nettement les traces de son ancien lit partant du Ravin le long du bois de Bertangles, aboutissant au vallon de Vaux et débouchant dans la vallée de la Somme en face de Picquigny. C’est certainement la présence de ce cours d’eau à proximité de ce point culminant qui a décidé nos ancêtres à s’établir à cet emplacement .
Cette hypothèse est confirmée par l’Abbé Bouvier qui a trouvé une seconde station préhistorique de la même époque mais moins importante de l’autre coté du Ravin le long du plateau qui s’étend prés du château de Montonvilliers c’est à dire sur l’autre rive de cet ancien ruisseau.
Il est difficile d’imaginer le type de construction de ce site mais si on le rapproche des autres villages chasséens connus, il s’agissait de cabanes en bois rondes ou rectangulaires parfois sur pilotis formant un village entouré d’un fossé circulaire souvent protégé par une palissade.
Le bois n’a pas résisté à la corrosion et à l’usure du temps et seul le silex reste l’unique témoignage de ce site préhistorique.
Ce village préhistorique était situé au Nord de celui que nous connaissons aujourd’hui entre la route d’Amiens à Doullens (RN 25) et la petite route de Bertangles à Villers-Bocage (D97) à l’Ouest de la Ferme « Bellevue ».(voir carte ci-jointe).
L’Abbé Bouvier trouva dans ce secteur une importante quantité de silex taillés et outils divers, plus de mille au total qui attestent de l’existence de ce très ancien village qui est qualifié de « campignien » dans un exposé rédigé pour la revue des Antiquaire de Picardie en 1909.
Cette qualification peut nous aider à déterminer l’époque où cette station préhistorique a existé et quel était le mode de vie de ses habitants ?
On a longtemps cru, et c’était le cas au temps de l’Abbé Bouvier, que le « campignien »(de Campigny prés de Blangy en Seine-Maritime) était une véritable culture qui avait duré en France jusqu’à la fin du Néolithique, soit 2000 ans av. JC. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’une technique de taille de certains outils que l’on trouve associée à diverses cultures et à différentes époques. D’après l’archéologue Victor Commont le « campignien » fait partie du Néolithique moyen (de 4000 à 3000 ans avant JC) celui-ci trouva à Montiéres un site « campignien » en stratigraphie (couches sédimentaires) caractérisé par une abondance de pics et de tranchets, des poteries rudimentaires et des instruments grossièrement taillés très semblables à ceux trouvés à Bertangles.
» Extrait des Travaux de Victor Commont (1908-1909). D’autre sites campigniens existent autour d’Amiens à Cagny, La Chaussée-Tirancourt , Longpré- les –Corps- Saints, Airaines, Belloy, Condé-Folie et Flixecourt.
Tout laisse à penser que le site de Bertangles est contemporain de ceux-ci.
Plusieurs historiens estiment que cette forme d’outillage rustique et non polie (comme ceux trouvés à Bertangles doit être rapprochée du temps des premières mises en culture des plateaux forestiers . Les hommes du Néolithique furent en effet les premiers à avoir su rompre leur passivité vis à vis du milieu physique pour tenter d’asservir la nature à leurs besoins en exploitant la forêt et en labourant les champs et capturaient les animaux des forêts pour les domestiquer.
On peut donc penser que nos ancêtres de ce « Bertangles préhistorique » venus d’Europe Centrale lors des migrations danubiennes vivaient vers 3500 ans avant JC de culture et d’élevage dans un site étendu sur environ 300m², il y avait à cet endroit non seulement un atelier de fabrication d’outils mais un véritable village attesté par la présence d’un grand nombre de silex brûlés ou craquelés restes de foyers détruits au fil des ans. Ce mode de vie et ces caractéristiques correspondent à la civilisation chasséenne que l’on retrouve dans l’Est , le Bassin parisien et la Normandie.
Malheureusement de tous les outils et silex taillés rassemblés par l’abbé Bouvier, seules les photos nous sont parvenues et nous avons perdu la trace de sa riche collection qui aurait pu faire l’objet d’une belle exposition à Bertangles.